Pages

La vie d'Eugénies, 2008 - 2021


 

La vie d’Eugénies, 2008 -2021


 Un article d'Alain Cadet

à découvrir sur son blog en cliquant ici




Pendant treize ans, l’association Eugénies a rayonné dans le domaine de l’Art, de la Culture, du Patrimoine et de l’Histoire locale, avant de mettre un terme à son activité.

 

L’association Eugénies a connu une vie courte mais féconde dans beaucoup de domaines. Récemment, la lassitude a conduit ceux qui l’avaient portée à bout de bras pendant treize ans à « raccrocher les gants » et à dissoudre l’Association.



L’architecte Eugène-Gabriel Pagnerre, sa plaque professionnelle et un plan de la commune, telle qu’il avait imaginée et qui rappelle celui qui sera mis en œuvre, beaucoup plus tard, par Henri Chomette.

 

Eugénies, a vu le jour au mois d’octobre deux-mille-huit.  Ses membres fondateurs étaient alors impliqués dans un projet de film sur l’architecte Eugène-Gabriel Pagnerre, dont le cabinet était implanté dans la commune. Naturellement, il y avait construit beaucoup de maisons, dont les fameuses Bourgeoises de la rue du général de Gaulle qui lui donnent ce cachet incomparable. Si l’homme de l’Art avait marqué le paysage urbain de son style singulier, en revanche, dans la mémoire collective communale, toute trace de lui avait disparu. Personne, dans la ville, ne savait plus qui était cet Eugène-Gabriel Pagnerre, dont la plaque professionnelle ornait pourtant nombre de maisons. Il existait tout juste, un Mémoire – très confidentiel – de fin de diplôme de Nathalie Ponchel, architecte à Bordeaux. 



Le tournage du film sur Gabriel Pagnerre

 

Au tout début du projet, faire resurgir de l’oubli ce grand Monsois avait suscité un grand enthousiasme mais beaucoup de voix s’élevaient désormais contre cette entreprise, jugée budgétivore par certains. Même si les participants à l’aventure du film étaient tous bénévoles, il fallait tout de même régler quelques factures pour payer les cassettes vidéo ou le car pour déplacer les figurants. La qualité du travail de Pagnerre venait même à être mise en doute.

 

C’est ainsi que ceux qui s’étaient impliqués dans le projet « Pagnerre » ont, pour continuer l’action entreprise, mis en place une nouvelle structure associative. Elle s’est appelée Eugénies. Ce choix évoquait le prénom de l’architecte et de sa mère, tandis que « Génie » renvoyait à l’Art et la Construction. Très naturellement, Jacques Desbarbieux qui était à l’origine du projet est devenu le Président de la nouvelle Association. Eugénies a ainsi pu continuer à travailler sur le dossier avec la collaboration d’une autre structure monsoise « Fondus d’Images » dont les membres pour la plupart, se confondaient avec ceux du Bureau d’Eugénies. A cette occasion, le petit-fils de l’architecte, Francis Pagnerre, redécouvrit sur le Blog qui était consacré à son grand-père cet aïeul qu’il avait oublié.



Francis Pagnerre, le petit fils de l’architecte, dont il porte le portrait, devant le Vert Cottage, l’une des anciennes résidences monsoises de son Grand-Père.

 

Il effectua le voyage de la Savoie – où il résidait – vers le Nord. Ce fut l’occasion de deux nouveaux tournages et un grand moment d’émotion. Le travail d’inventaire et de valorisation de l’œuvre d’Eugène-Gabriel Pagnerre a continué à être mené, régulièrement, alimentant un site internet, un livre illustré, des brochures et des animations comme les circuits-visites des maisons Pagnerre « intra » et « extra-muros ».



Les « Circuits Pagnerre », ici, boulevard de la République, à Lille

 

D’autre, brochures, sur d’autres sujets ont aussi été publiées par L’Association : Le Fort Macdonald, les Brasseries monsoises, la Bière, la Période 1914-1918… Les différents Blogs d’Eugénies mis en place par Jacques Desbarbieux sur des sujets comme le Fort, la Bière et les Brasseries, Les fermes, Henri Chomette, Le Grand Boulevard, la Villa Cavrois, le château Vaissier, Eugène Turpin, etc., proposaient aux internautes la quasi-totalité des images et documents sur le sujet. Ils étaient très fréquentés et l’occasion de rencontres avec de nombreux visiteurs français et étrangers. L’Association a aussi progressé en notoriété grâce à ses nombreuses actions dans les domaines, proches du Patrimoine. 

Au début de 2010, elle s’est saisie d’une question oubliée par tous. Michel Butor, écrivain internationalement connu pour son œuvre puissante et diversifiée est né dans une maison de la rue du Général de Gaulle. 



Michel Butor devant sa maison natale de la rue du général de Gaulle, en 2011.

 

Il avait quitté la commune très jeune et n’était revenu dans sa maison natale qu’une seule fois, à la fin de la seconde Guerre mondiale, alors que le lieu était l’ancien siège de la Kommandantur. Eugénies, appuyée par une autre structure monsoise, « Les Amis de Michel Butor », dont les membres étaient aussi, pour la plupart, membres d’Eugénies, se sont mis en tête de faire revenir l’écrivain sur les lieux de son enfance.  Ce fut chose faite en 2011, où, Michel Butor redécouvrit sa maison natale en compagnie d’une foule de Monsois, de la Presse, d’une partie du Conseil municipal et du Maire de la commune.  Une manifestation en son honneur eut lieu dans la foulée, dans la salle de projection du Fort de Mons. L’année suivante, l’écrivain revint en ce même lieu, à propos d’une exposition photo qui lui était consacrée. A chaque fois qu’il faisait le voyage de Lucinges, en Haute-Savoie, son lieu de résidence, pour se rendre dans le Nord, où il était invité, il faisait si possible un crochet par Mons. Il avait fini par s’attacher à la commune. Eugénies, a milité pour qu’un bâtiment monsois – de préférence la Bibliothèque – porte le nom de l’écrivain. Michel Butor en aurait été ravi :« Si on me le proposait, j’accourerais tout de suite », disait-il. Mais, ce fut un échec. 



Michel Butor, au Fort de Mons, face à la Bibliothèque.

 

Pendant treize ans l’Association a été prolifique dans son action de défense et d’explication de l’Art, de la Culture, de l’Architecture, du Patrimoine et même de l’Histoire locale. Mais, elle devait faire face en même temps à bien des difficultés : une subvention qui correspond à peine à la moitié du budget de fonctionnement ; un désintérêt de l’action associative de nouvelles générations et l’absence de relève (malgré tous ses efforts, l’Association plafonnait à une trentaine de membres ces dernière années) ; une inflation des formalités administratives et, selon Jacques Desbarbieux, le Président, « un manque de reconnaissance ». Un projet de maquette en 3D du fort Macdonald accessible aux visiteurs pouvait être mené à bien : Guy Selosse, le Secrétaire-Trésorier est un expert en modélisation 3D (il a collaboré dans ce domaine avec plusieurs organismes de qualité sur différents projets), une imprimante 3D était  disponible ainsi qu’une vitrine récupérée dans une autre structure. Mais le local fut attribué à une autre activité.



Guy Selosse, le Trésorier-Secrétaire et Jacques Desbarbieux, le président de l’Association, photographiés au même endroit que l’écrivain, dix ans plus tard, le jour de la dissolution de l’Association.

 

C’est ainsi que lors de la dernière Assemblée Générale de l’Histoire d’Eugénies, en octobre 2021, Jacques Desbarbieux, le Président, et Guy Selosse, le Trésorier-Secrétaire ont fait part aux membres de l’Association de leur décision de jeter l’éponge. Comme il ne s’est trouvé aucun repreneur désireux de prolonger leur action, les membres présents ont voté la dissolution de l’Association et le versement des actifs à la SCI lilloise d’Olivier Berthoud, engagée dans la rénovation du cinéma « Le Mondial » de Wazemmes, une œuvre de Gabriel Pagnerre. Les actifs d’Eugénies serviront à restaurer les sgraffites de la façade.



Le Mondial Cinéma de Wazemmes avec un groupe des Circuits Pagnerre parmi lesquels figurent Monique et Francis Pagnerre