Attribution1 {display: none;}

Une nouvelle Pagnerre identifiée



Merci à Gilbert Houviez, ancien Architecte des Bâtiments de France, qui mène une étude sur le parcellaire de la commune de Lambersart. Il vient de repérer une maison construite par Gabriel Pagnerre, au numéro 148 de l'avenue de l'Hippodrome à Lambersart. Cette réalisation est datée, comme en atteste le cartouche visible au sommet de la façade, de 1913. Nous ne connaissions jusqu'à présent qu'une seule construction à Lambersart au n° 132 de cette même avenue de l'Hippodrome. Merci aussi à Jean-Pierre May, de l'association pour la sauvegarde de la villa Cavrois (Mallet-Stevens).


Ce qui peut apparaître étonnant c'est la diversité des styles des œuvres de Gabriel Pagnerre, à cette même époque, juste avant la première guerre mondiale. Surtout si l'on compare cette construction avec le Vert Cottage terminé un an plus tôt en 1912. On retrouve l'éclectisme, le régionalisme et le néoclassicisme (avec les pseudo pas de moineaux, les supports de lanterneaux, ou les feuilles d'acanthes*). Il doit s'agir d'une commande exécutée selon les goûts de l'acheteur, dans laquelle Gabriel Pagnerre ne fait guère transparaître ses idées modernistes et qui connaîtont un arrêt brutal avec la guerre 1914-1918. On est loin de l'Art Nouveau, qui vient juste de sombrer la même année que le Titanic. Mais encore plus de l'Art Déco bruxellois et du style Arts and Crafts. Cette habitation est plus proche des constructions réalisées avec le père, s'agit d'une des dernières réalisations communes ? Cela pourrait se concevoir si les plans ont été exécutés en 1912, l'année de la disparition de Louis Lucien Pagnerre le père de Gabriel. Quelques symboles maçonniques sont présents dont quelques décors à base triple. A noter aussi la double corne d'abondance ** au dessus de la porte d'entrée et la coquille de Saint Jacques de Compostelle ***. La tentative de dissimulation de la toiture, qui est un élément constant dans le style de Gabriel Pagnerre, se retrouve ici en parfait accord avec les réalisations bien plus tardives des mitoyennetés. Un aspect précurseur que Pagnerre n'a bien sûr jamais pu imaginer !

* La feuille d'acanthe est le décor caractéristique des chapiteaux de l'Ordre corinthien ; c'est aussi un des plus fréquents motifs des sculptures de l'art roman. Dans le langage des fleurs, acanthe signifie " Amour de l'art. Rien ne pourra nous séparer. "
** La mythologie grecque raconte qu’à sa naissance, la mère de Zeus confia son enfant à la chèvre Amalthée. Elle craignait en effet que le bébé ne soit mangé par Cronos, son père. Un jour, Zeus cassa une des cornes de sa nourrice. Plus tard, pour se faire pardonner, il donna à cette corne le pouvoir d’abonder de fleurs et de fruits. Cette " corne d’abondance " représente la richesse et la fécondité.
*** Dans l’Antiquité, la coquille est symbole d’Amour (coquille de Vénus). Elle protège des mauvais sorts et des maladie. On place des coquilles au côté des dépouilles mortelles en guise d’ornement ou d’offrande mortuaire. On en a ainsi retrouvé à Paris dans les tombes d'un cimetière mérovingien, bien avant la découverte du tombeau de saint Jacques à Compostelle. Les pèlerins, qui reviennent de Saint Jacques de Compostelle, les fixent au retour du tombeau de saint Jacques à leurs capes en l’honneur de l’apôtre comme en son souvenir et les rapportent avec grande joie chez eux en signe de leur long périple. Les deux valves du coquillage représentent les deux préceptes de l’amour du prochain auxquels celui qui les porte doit conforter sa vie, à savoir aimer Dieu plus que tout et son prochain comme soi-même… les valves qui sont disposées à la façon des doigts désignent les bonnes oeuvres dans lesquelles celui qui les porte doit persévérer.


Si vous cherchez cette maison, elle se trouve dans la contre allée qui est en impasse et qui mène au restaurant La Laiterie. Elle se situe un peu avant le restaurant. Celle qui était déjà connue, et ceci grâce à un visiteur qui ayant fait les circuits avait été sensibilisé, se trouve au bout de cette impasse. La maison du 148 ne possède pas de plaque, ce qui explique la difficulté à la repérer, à la différence de celle sise au 132 (photos ci-dessous).