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Les Eugénies vont faire revivre l'expo de 1911

Jacques Desbarbieux a récupéré de nombreuses pièces d'un collectionneur roubaisien.

Cercle de passionnés d'histoire locale, l'association les Eugénies, après s'être passionnée pour le centenaire du Grand boulevard, s'intéresse aux 100 ans de l'exposition internationale de Roubaix. Rencontre avec Jacques Desbarbieux, qui a retrouvé des pièces surprenantes.

Quand on n'a connu que le Roubaix d'après-crise, on a bien du mal à imaginer le Roubaix d'il y a cent ans. En feuilletant l'album des cartes postales et photographies rassemblées par Jacques Desbarbieux, on reste bouche bée. « À l'époque, il était fréquent que les villes organisent des expositions internationales, explique ce passionné d'histoire locale et d'architecture. Avant Roubaix, il y avait eu Bruxelles et Tourcoing. Mais Roubaix a voulu faire mieux, plus grand. Les organisateurs ont même été débordés par rapport au projet initial, ils ont dû changer les plans. »

Près de deux millions de visiteurs

La capitale du textile, dont le maire, Eugène Motte, était un grand patron d'industrie, voulait affirmer sa puissance. Lille et Tourcoing n'étaient que deux petits points sur la carte. L'exposition internationale de 1911 a duré six mois, accueilli 1,7 million de visiteurs. Des architectes ont fait construire de somptueux pavillons sur et autour du parc de Barbieux. Pour le centenaire, Jacques Desbarbieux et ses amis de l'association Eugénies, dont il est trésorier et webmaster, ont décidé de faire revivre l'événement à leur façon.

Les Eugénies n'ont que deux ans d'existence. À l'origine, cette association avait pour but de valoriser le patrimoine architectural signé Gabriel Pagnerre. Cela l'a naturellement amené à s'intéresser au Grand boulevard, bordé de maisons Pagnerre. Et du Grand boulevard au parc de Barbieux, il n'y avait qu'un pas. « Lors du centenaire du Grand boulevard, on a organisé des visites guidées qui se terminaient à l'ancienne laiterie du parc, ça nous a ouvert des pistes. » Parallèlement, le neveu d'un collectionneur décédé est allé trouver Jacques Desbarbieux. Il venait d'hériter d'un nombre incalculable de documents à propos de l'exposition de 1911. Un don du ciel pour démarrer les recherches. Car sur place, « il n'en reste plus rien », se désole cet amoureux du patrimoine qui a pour ambition de « reconstruire le puzzle » . Tablette informatique à la main, il souhaite donner à voir ce que pouvait être cette exposition internationale lors de visites guidées du parc de Barbieux le week-end du 30 avril, date anniversaire de l'inauguration de l'exposition. Il s'est déjà mis en cheville avec l'office de tourisme.

Casino et parc d'attractions

« Les gens sont toujours estomaqués de se dire "ce n'est pas si vieux et pourtant, la mémoire collective s'efface" », prévient-il. En 1911, Roubaix n'était pas la ville la plus pauvre de France, bien au contraire. Pour cette exposition internationale, on a dépensé sans compter. « Toutes les semaines, il s'y passait quelque chose. Tous les congrès possibles et imaginables s'y sont déroulés. » On accédait à l'expo pour 1 F ou 50 centimes en franchissant une porte monumentale face au boulevard de Paris (futur boulevard De Gaulle). Tout de suite à droite, le village flamand, puis les pavillons textiles, ceux de Belgique, des Pays-Bas, mais aussi de l'Australie et de Nouvelle-Zélande, grands producteurs de laine. Au milieu du parc, les pavillons des colonies. Plus loin, le village sénégalais et ses indigènes plus vrais que nature. On trouvait aussi un stade de foot, un casino, des estaminets et, à l'autre bout de l'exposition, un parc d'attractions, le Luna Park, avec la Joy Wheel , le Scenic Railway... « Les plus grands aviateurs sont venus, Roland Garros s'est posé à Roubaix », dit encore Jacques Desbarbieux, pas avare d'anecdotes. Il pourrait parler des heures de la pénurie de logements durant les six mois de l'expo ou des nombreux produits dérivés - le marketing, déjà... Il rappelle aussi que c'est en 1911 que Roubaix s'est offert son actuel hôtel de ville et l'hôpital de la Fraternité. « Eugène Motte avait envie d'être réélu en 1912 », glisse-t-il. Aujourd'hui, le simple fait de faire poser des panneaux signalétiques dans le parc de Barbieux pour rappeler cet incroyable événement semble coûteux et compliqué... 
Les documents collectés sont sur le blog www.roubaix1911.blogspot.com
youenn.martin@nordeclair.fr
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